Reporting the elusive: weather predictions by the Sereer Saltigui (Senegal)
Rendre compte de l'insaisissable. Prédictions météorologiques des Saltigui Sereer (Sénégal)
Abstract
Agriculture in Senegal is predominantly rain-fed and depends heavily on meteorological services. Any information on future rainfall is therefore important for farmers to anticipate the delayed arrivals of rains or particularly dry years. In Sereer countryside (Fatick region), the Saltigui (diviners) take part in this work of anticipating the rainy season through divination practices that enable them to predict the course of the coming rainy season. Through their annual ceremonies named Xooy, the Saltigui share the knowledge they have obtained both from the spirits and from their own knowledge of the land and its signs. Through an analysis of the Saltigui's discourse and practices, this article adresses the assembly work on which the Saltigui's ‘meteorological prediction’ is based. We demonstrate the Saltigui’s role as intermediary between the spirit world, the living world and the nature. Through their Xooy, the Saltigui convey and share a local knowledge, linked to a specific territory and stemming from a set of beliefs and practices rooted in history. This particular case allows us to consider ‘local ecological knowledge’ as a form of situated totality. On one hand, rain is perceived positioned as a facet of collective life, and not as a field of knowledge isolated from the rest of the village's concerns. On the other hand, in addition to announcing the onset of the rainy season, the Saltigui also purify the physical and symbolic space prior to the rainy season, and then make proposals to ward off any harmful predictions. The predictive act must therefore be understood as part of a larger whole in which it takes on its full meaning. These observations prompt us to take a cautious approach to the contemporary project of integrating ‘local knowledge’ into modern forms of scientific forecasting.
Au Sénégal, l’agriculture est majoritairement pluviale et fortement dépendante de services météorologiques. Ainsi, toute information sur la pluviométrie à venir est importante pour les cultivateurs afin d’anticiper l’arrivée tardive des pluies ou d’années particulièrement sèches. En pays sereer (région de Fatick), les Saltigui (devins) participent à ce travail d’anticipation de la saison des pluies à travers des pratiques de divination qui permettent d’envisager le déroulement de l’hivernage à venir. Par le canal des cérémonies réalisées annuellement, les Xooy, les Saltigui partagent le savoir qu’ils ont obtenu à la fois des esprits et des connaissances qu’ils ont eux-mêmes du territoire et de ses signes. Par une analyse des discours et des pratiques des Saltigui, cet article aborde le travail d’assemblage sur lequel repose la « prédiction météorologique » des Saltigui. Nous montrons le rôle d’intermédiaire qu’assure le Saltigui, entre le monde des esprits, le monde des vivants et la nature. Les Saltigui, à travers les Xooy, véhiculent et partagent un savoir local, lié à un territoire spécifique et issu d’un ensemble de croyances et de pratiques ancrées dans l’histoire. Ce cas particulier permet d’envisager les « savoirs écologiques locaux » dans une forme de totalité située. D’une part, la pluie est positionnée comme une facette de la vie collective, et non comme un domaine de connaissance isolé du reste des préoccupations villageoises. D’autre part, au-delà de l’annonce de l’hivernage, les Saltigui font aussi un travail de purification de l’espace physique et symbolique avant l’hivernage, puis des propositions pour conjurer les éventuelles prédictions néfastes. L’acte de prédiction doit donc être compris comme un élément d’un ensemble plus large dans lequel il prend son sens. Ces observations invitent à considérer avec prudence le projet contemporain qui consiste à vouloir intégrer des « savoirs locaux » aux formes modernes de prévisions scientifiques.
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