(trad auto)Modeling minor and major changes in interacting individuals: application to conversion to organic agriculture
Modéliser les changements mineurs et majeurs d'individus en interactions : application à la conversion à l'agriculture biologique
Résumé
(trad auto)For more than a century, we have experienced increasingly frequent and intense climatic, socio-economic and societal upheavals. Adapting to this uncertain context, in order to look to the future in a sustainable way, is a particularly important challenge. Agriculture is at the heart of this challenge and the reflection on adaptation methods. Anthropologists have recently identified two types of farmer change: minor change (in accordance with the reference normative behaviour), and major change (profound change, questioning majority norms that allow innovative behaviour to be adopted). These two types of change are very similar to incremental adaptation and transformational adaptation, which are defined for individuals as well as for local, national or international institutions... We propose an individual-centred model of farmers' adaptation that dynamically integrates minor and major changes, focusing on the psycho-social dimension of these changes. We apply our model to the question of the conversion of French dairy farmers to organic farming. This transition has generally been characterized as a major change, or transformational adaptation, and is therefore relevant to testing our model. The farmer model is generally in a stable regime during which only minor changes are made. These changes are carried out by imitating the behaviour adopted by the most credible farmers. The credibility of one farmer for another is all the stronger as its volume of production is higher than that of that farmer. These changes are concretely reflected in changes in the volumes produced, which correspond to more or less intensive choices of practice. The model can move from one stable regime to another by going through a major change involving changing the hierarchy of importance, given to the "productivist" and "environmental" dimensions, which weight its assessment of the results of its production mode (for example: conventional or organic). The calculation of its evaluation uses the theory of reasoned action. It allows the farmer to determine his satisfaction, based on his previous results, and his results compared to those of his credible peers, taking into account the importance given to each dimension of evaluation. When a farmer is dissatisfied with his current production method, he evaluates his potential satisfaction for another production method, and adopts the latter if his gain in satisfaction is above a threshold. It then changes the hierarchy of importance given to its evaluation dimensions to be consistent with the mode adopted. For example, an organic farmer will attach greater importance to the environmental dimension than to the productivist dimension. This change then implies a reassessment of both the credibility of peers and their practices. The study of the diffusion of organic agriculture, simulated by our minor/major change model, was carried out for: stereotyped and theoretical populations. This study identified the typical evolutionary trajectories of farmers and the reasons for not converting associated with them; populations initialized from the data of the 2000 General Agricultural Census, and heuristics extracted from the literature, in particular to determine environmental results from the volumes produced and the characteristics of the farm, and to change the number of farms and the characteristics of these farms. These studies have highlighted the importance of exploitation characteristics as an explanatory factor for adoption and clarified the impact of social dynamics associated with major and minor changes. In general, minor changes, as well as demographic changes towards a smaller number of farms producing more on average, tend to limit diffusion during the early stages of simulations. Secondly, the major change may favour the spread of conversion among certain populations. However, it is stressed that a population that first increases its average production as a result of demographic change, then partially adopts organic farming, has an overall conversion rate that is much lower than a population that partially adopts and then increases its production. These analyses of the model's behaviour have made it possible to better understand the impact of major changes between stable regimes of minor changes on individual adoption trajectories, as well as on adoption rates of farm populations with varied and evolving agronomic characteristics"
Nous connaissons depuis plus d'un siècle des bouleversements climatiques, socio-économiques et sociétaux de plus en plus fréquents et intenses. L'adaptation à ce contexte incertain, pour envisager l'avenir de façon durable, est un défi particulièrement important. L'agriculture est au coeur de ce défi et de la réflexion sur les modes d'adaptation. Les anthropologues ont récemment identifié deux types de changements de l'agriculteur: le changement mineur (en accord avec le comportement normatif de référence), et le changement majeur (changement profond, remise en cause des normes majoritaires permettant l'adoption de comportements innovants). Ces deux types de changement sont très proches de l'adaptation incrémentale et de l'adaptation transformationnelle qui sont définis tant pour des individus que pour des institutions locales, nationales ou internationales ... Nous proposons un modèle individu-centré de l'adaptation des agriculteurs qui intègre dynamiquement changements mineurs et majeurs, en nous focalisant sur la dimension psycho-sociale de ces changements. Nous appliquons notre modèle à la question, de la conversion à l'agriculture biologique des éleveurs laitiers français. Cette transition a en effet été généralement caractérisée comme un changement majeur, ou une adaptation transformationnelle, et s'avère donc pertinente pour tester notre modèle. Le modèle d'agriculteur est en général dans un régime stable durant lequel seuls des changements mineurs sont opérés. Ces changements sont menés en imitant des comportements adoptés par les agriculteurs les plus crédibles. La crédibilité d'un agriculteur pour un autre est d'autant plus forte que son volume produit est supérieur à celui de cet agriculteur. Ces changements se traduisent concrètement par des modifications des volumes produits qui correspondent à des choix de pratiques plus ou moins intensifs. Le modèle peut passer d'un régime stable à un autre en transitant par un changement majeur impliquant de changer la hiérarchie des importances, accordées aux dimensions « productiviste » et « environnementale », qui pondèrent son évaluation des résultats de son mode de production (par exemple : conventionnel ou biologique). Le calcul de son évaluation utilise la théorie de l'action raisonnée. Il permet à l'agriculteur de déterminer sa satisfaction, à partir de ses résultats précédents, et de ses résultats comparés à ceux de ses pairs crédibles, en tenant compte de l'importance accordées à chaque dimension d'évaluation. Lorsqu'un agriculteur est insatisfait de son mode de production courant, il évalue sa satisfaction potentielle pour un autre mode de production, et adopte ce dernier si son gain de satisfaction est supérieur à un seuil. Il change alors la hiérarchie des importances accordées à ses dimensions d'évaluation pour être en accord avec le mode adopté. Un agriculteur biologique accordera ainsi par exemple une importance plus forte à la dimension environnementale qu'à la dimension productiviste. Ce changement implique alors une réévaluation tant de la crédibilité de ses pairs que de leurs pratiques. L'étude de la diffusion de l'agriculture biologique, simulée par notre modèle de changements mineurs/majeurs a été réalisée pour : des populations stéréotypées et théoriques. Cette étude a permis d'identifier les trajectoires typiques d'évolution des agriculteurs et les raisons de ne pas se convertir qui y sont associées ; des populations initialisées à partir des données du Recensement Général Agricole 2000, et d'heuristiques extraites de la littérature permettant notamment de déterminer les résultats environnementaux à partir des volumes produits et des caractéristiques de l'exploitation, et de faire évoluer le nombre d'exploitations et les caractéristiques de ces exploitations. Ces études ont souligné l'importance des caractéristiques de l'exploitation comme facteur explicatif de l'adoption et clarifié l'impact des dynamiques sociales associées aux changements majeurs et mineurs. En général, les changements mineurs, de même que l'évolution démographique vers un nombre plus faible d'exploitations produisant davantage en moyenne, ont tendance à freiner la diffusion durant les premiers temps des simulations. Dans un second temps, le changement majeur peut favoriser la diffusion de la conversion au sein de certaines populations. Il est toutefois souligné qu'une population qui croît tout d'abord sa production moyenne du fait de l'évolution démographique, puis adopte partiellement l'agriculture biologique, affiche un taux de conversion global bien inférieur à une population qui adopte partiellement, puis croît sa production. Ces analyses du comportement du modèle ont permis de mieux comprendre l'impact des changements majeurs entre régimes stables de changements mineurs, sur les trajectoires individuelles d'adoption, ainsi que sur les taux d'adoption de populations d'exploitations aux caractéristiques agronomiques variées et évolutives.
Origine | Fichiers produits par l'(les) auteur(s) |
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