L'étude porte sur la trajectoire technologique des plantes pérennes. La mise en place de trois types d'innovations; 1. Les nouvelles variétés ; 2. La sélection sanitaire et clonale et 3. La micro propagation in vitro de la vigne, a déjà été étudiée dans les années quatre-vingt. Les trajectoires technologiques ont été limitées pour le premier et le troisième type d'innovation. En revanche, des études ont montré que le deuxième type d'innovation a eu un impact important sur la qualité du matériel végétal diffusé. La pépinière L'analyse des facteurs favorables ou défavorables à la diffusion de l'innovation nous amène à comprendre le fonctionnement économique de la pépinière viticole, profession en charge de la diffusion de ces progrès génétiques. La question qui se pose est la suivante : favorise-t-elle ou non l'adoption des innovations aux niveaux des plants de vigne et au niveau du marché des bois ? Comment la pépinière régularise-elle la fraude clonale sur les marchés émergents ? Pourquoi les nouvelles variétés ne sont-elles pas fonctionnelles ? Y a-t-il des fraudes qui peuvent bloquer la réussite des innovations ? Cette question a été mentionnée dès la fin du dix-neuvième siècle par Guille (1905). Les interrogations ne cessent de se renouveler selon le contexte vitivinicole à chaque fois qu'il y a un changement technique, notamment dans la sélection variétale : « Enfin, on rencontre malheureusement, trop souvent des individus dépourvus de scrupules transformant en véritable escroquerie le commerce des bois américain. Ces commerçants ne possèdent pas de vigne mère, achètent à bas prix toute sortes de bois, font de la publicité dans les journaux viticoles et les affiches. s'attachent les collaborations de représentants honnêtes avec une commission élevée, qui se transforment en commerçants car ils se chargent de la répartition et du recouvrement à l'arrivée et deviennent donc responsables et impliqués en cas de réclamation. Les recours sont difficiles et aboutissent rarement faute de preuve ». (Guille, 1905, p3-9). La question du contrôle de la qualité du matériel végétal, de son authenticité et plus généralement des contraintes économiques du fonctionnement de la pépinière et de ses marchés pour ajuster une offre hyper segmentée avec ses erreurs d'anticipation à quinze ou dix-huit mois, mérite une attention particulière. Le retour de la création variétale La résistance aux maladies Actuellement, les variétés traditionnelles sont sélectionnées et valorisées. Mais l'enjeu majeur perçu par les professionnels et la société est bien la réduction de l'usage des pesticides pour lutter contre les maladies. Les biologistes sont persuadés que la voie la plus efficace consiste à créer des variétés résistantes. Jusqu'à maintenant la France n'avait pas semble-t-il pris en compte cet objectif dans la recherche variétale. Mais aujourd'hui les variétés peuvent se diffuser dans toute l'Europe et notamment celle obtenue par les chercheurs suisses, allemands ou des autres pays de l'est. Ces pays ont des programmes de recherche initiés de longue date, de trente à cinquante ans visant la création de ce type de variété. La question qui se pose aujourd'hui est de savoir si ces variétés ont un avenir dans la viticulture française et méditerranéenne et sous quelles conditions ? Les hauts rendements Simultanément se met en place un projet innovant de création d'une filière de vigne dédiée. Il s'agit de créer une nouvelle filière basée sur des variétés à haut rendement, sélectionnées uniquement pour leurs haute teneur en sucre et favoriser les conditions en vue produire une matière première énergétique à base de sucre et d'alcool. Ce projet est une ambition pour la région du Languedoc Roussillon. Il s'agit d'en faire un creuset de l'innovation pour une agriculture durable en valorisant des systèmes productifs qui répondent aux attentes du marché. Cette voie de progrès n'est bien évidemment pas la seule. Dans le cluster viticole languedocien de nombreux programmes se combinent pour améliorer la compétitivité sectorielle : adapter le processus de vinification aux objectifs produits, raisonner les intrants en œnologie, (AIVB, IFV, ICV, CA66, Inter-Rhône), garantir une sécurité alimentaire et santé en étudiant l'impact des résidus de pesticides dans le vin, diversifier et proposer de nouveaux produits, comme le Vin doux naturel rosé avec teneur en soufre réduite, etc. L'intérêt d'étudier l'innovation variétale est renforcé par ce contexte.