Mathieu de Dombasle. Agronomie et Innovation 1750-1850 - INRAE - Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement Accéder directement au contenu
Thèse Année : 2007

Mathieu de Dombasle. Agronomie et Innovation 1750-1850

Fabien Knittel

Résumé

Christophe Joseph Alexandre Mathieu de Dombasle (1777-1843) est un agronome lorrain reconnu par ses pairs en 1821 pour la conception d’une charrue sans avant-train innovante et pour la rédaction de ce qui est considéré alors comme la première théorie de la charrue en langue française. Cet agronome et la charrue qui porte son nom, la fameuse charrue « Dombasle », sont connus des historiens des techniques agricoles et des agronomes qui s’intéressent à l’histoire de leur discipline. Pour autant, jamais une étude systématique et approfondie n’avait encore été réalisée à son sujet. L’objet de notre biographie est à la fois d’appréhender la vie de l’agronome lorrain et de la replacer dans son contexte afin d’analyser, à travers son exemple, un moment du processus d’institutionnalisation de la discipline scientifique qu’est l’agronomie. Dans un premier temps, son milieu d’origine, la noblesse de robe lorraine, puis sa formation, notamment son passage à l’Ecole centrale de Nancy, vers 1795-1797, où il étudie la chimie, sont analysés pour comprendre le cheminement de sa réflexion et ce qui l’amène à s’intéresser à l’agriculture puis, plus spécifiquement, au travail du sol. L’objectif est de montrer les caractéristiques d’un travail d’agronome au début du XIXe siècle à travers les démarches innovantes, et celles qui ne le sont pas, qui aboutissent à la création de la charrue « Dombasle ». Toutefois, la réussite de Mathieu de Dombasle et sa renommée seraient difficiles à comprendre si on en restait à son seul parcours biographique. C’est pourquoi, dans un second temps, nous avons cherchés à expliquer les origines de sa démarche et les éléments de structuration d’ordre mental qui ont permis ses réalisations. Aussi, l’étude de l’agriculture nouvelle, émergence de l’agronomie au cœur du siècle des Lumières, s’est-elle imposée. De même, la démarche de l’agronome lorrain ne se comprend que replacée dans plusieurs configurations (au sens de Norbert Elias) : à l’échelle du royaume avec l’agriculture nouvelle de Duhamel du Monceau et le mouvement physiocratique ; à l’échelle régionale, le Sud de la Lorraine (Sud du département de la Meurthe et département des Vosges), où les structures anciennes de l’agriculture, comme les nouveautés introduites par quelques grands propriétaires, comme l’intendant La Galaizière, influent sur les conditions de possibilités de son action ; enfin, le contexte européen, puisque Mathieu de Dombasle ne cesse de s’inspirer des travaux de l’agronome prussien A. Thaër ou des anglais A. Young et J. Sinclair. Il est d’ailleurs le traducteur en français, donc le diffuseur en France, des idées de Thaër et Sinclair. Une fois cette mise en configuration effectuée, un troisième temps est consacré à la place de Mathieu de Dombasle au cœur du processus d’institutionnalisation, en Lorraine, de la discipline agronomique. Ce processus s’effectue de différentes façons : à la manière de beaucoup d’autres disciplines, comme la Géographie par exemple, au sein des Académies et des Sociétés savantes locales, mais aussi, de manière plus originale, dans le cadre de la ferme exemplaire, fondée à Roville-devant-Bayon (Sud du département de la Meurthe) en 1822 par Mathieu de Dombasle, qui devient fermier, et Antoine Bertier, propriétaire des lieux. Cette ferme devient l’endroit à partir duquel Mathieu de Dombasle développe de nouvelles techniques de cultures et de nouveaux matériels, élaborées dans la fabrique fondée au sein même de la ferme, qu’il cherche ensuite à diffuser le plus largement possible. Son exemple est suivi par quelques émules dont nous avons retenus les deux cas les plus représentatifs : Jean Joseph Grangé, concepteur de charrues et Louis Poirot de Valcourt introducteur du dynamomètre en Lorraine. Enfin, dans un quatrième temps, il s’agit de montrer que l’innovation est au cœur de la démarche de Mathieu de Dombasle mais qu’elle concerne principalement les procédés de diffusion et non ce qui est diffusé et souvent présenté par ailleurs comme des innovations alors que tel n’est pas toujours le cas, comme l’exemple de la charrue « Dombasle » le prouve. Les Annales Agricoles de Roville, publication annuelle, contenant les résultats de l’ensemble des opérations culturales menées dans la ferme exemplaire et des articles de réflexions sur les moyens d’améliorer l’agriculture, constituent l’un des procédés de diffusion les plus efficaces. Le plus innovant, sans doute, correspond aux réunions agricoles de Roville, journées lors desquelles sont accueillis les exploitants de la région qui assistent à la visite de l’exploitation modèle et à des démonstrations de matériels, construits au sein de la fabrique du domaine. Les concours de labour organisés durant ces réunions, sont un facteur d’émulation important, prélude à la création des comices agricoles. Mais, l’essentiel correspond surtout à l’Institut, une des premières structures européennes d’enseignement agricole, fondé en 1826, où Mathieu de Dombasle a formé des chefs de domaine, ainsi que, et c’est le plus important, les cadres de l’enseignement agricole et agronomique de la seconde moitié du XIXe siècle.
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Citer

Fabien Knittel. Mathieu de Dombasle. Agronomie et Innovation 1750-1850. Sciences du Vivant [q-bio]. Université Nancy 2, 2007. Français. ⟨NNT : ⟩. ⟨tel-02822353⟩
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