Implication des récepteurs gustatifs dans l'agueusie au MSG et au GMP
Résumé
La mise en évidence d’une agueusie spécifique au glutamate monosodique (MSG) chez 3,5% de la population française (Lugaz et al., 2002) nous a conduit à étudier l’implication des récepteurs gustatifs dans ce phénomène. Nous avons utilisé des papilles fongiformes prélevées chez des sujets agueusiques et normogueusiques afin d’explorer et comparer les différents récepteurs au MSG présents dans ces papilles. Ainsi par RT-PCR et immunohistochimie, nous avons montré la présence de T1R1 et T1R3 chez tous les types de sujets. Par ailleurs, il semble que les récepteurs métabotropiques du glutamate de type 2 (mGluR2) et de type 4 (mGluR4) soient présents dans les papilles fongiformes de quelques sujets. L’analyse de la séquence codante des gènes TAS1R1 et TAS1R3 nous a permis d’identifier 3 polymorphismes qui aboutissent à une substitution d’acides aminés dans TAS1R1 : SNP329 (A110V), SNP1039 (K347E) et SNP1114 (A372T), ainsi que 5 polymorphismes faux-sens dans TAS1R3 : SNPs 13 et 15 (A5T), SNP2203 (A735T), SNP2246 (F749S), SNP2269 (R757C). L’allèle 329 est le seul associé à l’agueusie au MSG mais il n’est ni nécessaire ni suffisant. Nous n’avons pas observé de substitutions dans mGluR4 chez les sujets agueusiques testés. Etant donné le manque de corrélation entre polymorphismes et agueusie et en fonction de la multimodalité observée dans les distributions de sensibilités des individus au MSG au niveau du seuil, il semble raisonnable de proposer que la sensibilité au MSG et/ou au GMP implique la contribution de plusieurs allèles des gènes TAS1R1 et TAS1R3 ou d’autres récepteurs gustatifs comme le mGluR2, le mGluR4 ou encore d’autres facteurs non géniques ou encore la combinaison de tous ces facteurs.