L'auteur se place "en amont" des politiques publiques mises en place par les pays en voie de développement qui visent à améliorer la circulation de l'information au sein des filières agricoles, et analyse le processus de diffusion d'information engendré par le jeu de l'échange. Pour cela, il adopte une approche institutionnaliste des marchés, ce qui le conduit à réinterpréter en terme de système de communication les règles de fonctionnement des marchés proposées dans les théories économiques de L. Hurwicz, R. Radner ou S. Grossman. Il est ainsi mis en évidence que les règles qui spécifient "qui a le droit d'échanger avec qui" déterminent le réseau de communication du marché. De même, les règles qui fixent quelles sont les valeurs possibles pour les différents paramètres de l'échange sont les "mots" du marché tandis que les règles de négociation de ces paramètres en constituent la "grammaire". Ces deux derniers types de règles forment ainsi le langage dans lequel sont codés les messages qui se diffusent au sein des marchés. Deux types d'analyses sont menées : les unes (positives) concernent le processus d'émergence des institutions de marché, les autres (normatives) consistent à mesurer les performances des institutions de marché comme système de communication et d'allocation des ressources. Ces analyses ont conduit à une vision du marché assez étrange dans laquelle les propositions d'achat et de vente sont des messages formulés dans le langage du marché et diffusés à travers son réseau de communication. L'analyse comparée de différentes institutions de marché selon cette approche a engendré la remise en cause de certaines idées reçues. Ainsi, les réseaux marchands apparaissent dans certaines circonstances comme des systèmes de communication plus performants que les marchés de gros. Enfin, l'appréhension des marchés comme des systèmes de communication a conduit à élargir considérablement les modalités d'actions publiques, le spectre des actions possibles étant beaucoup plus vaste que ce que les politiques actuelles pouvaient laisser penser.