Le système alimentaire argentin, pendant les années 90, se caractérise par l'entrée massive de l'investissement direct à l'étranger (IDE), en particulier dans l'industrie et la grande distribution. Peu de branches alimentaires peuvent échapper à un pilotage par l'aval, ce qui exige une coordination accrue des acteurs du système. Cette recherche tente d'interpréter comment les firmes multinationales (FMN) peuvent modifier les formes de coordination des interfaces (industrie/clients-industrie/producteurs agricoles). Deux études de cas ont été réalisées, sur le sous-système de la pomme de terre et sur celui du lait. On montre comment ces changements prennent des formes différentes selon la configuration préalable des sous-systèmes et comment les formes de coordination contribuent à une plus ou moins grande efficacité de la chaîne de valeur et à l'intégration des acteurs. On fait appel à des leviers théoriques distincts, et surtout complémentaires. Le modèle proposé par Dunning, J. (1992) permet la compréhension de l'entrée récente des FMN. La théorie des coûts de transaction de Williamson, O. (1979,1989) sert à interpréter les formes dominantes qu'acquièrent les structures de gouvernance ou de formes de coordination mises en place à chaque interface. On analyse la plus ou moins grande efficacité des forces concurrentielles et de la chaîne de valeur [Porter, M. (1985,1986)]. Cette dernière, en particulier dans la forme adoptée par Bardou, G. (1997) comme une carte concurrentielle du système alimentaire, s'avère intéressante pour expliquer les changements structurels. Cependant, selon le cas, le pouvoir explicatif de ces approches est plus ou moins important et montre les limites de leurs possibilités d'application.