La forte industrialisation des sociétés (mines métallifères, industries métallurgiques, utilisation d'engrais et d’amendements, dispersion des eaux usées) a conduit à l'introduction généralisée d’éléments traces métalliques (ETM) dans notre environnement, provoquant la contamination aiguë et diffuse des sols, les rendant inutilisables pour la production agricole. Une approche permettant leur ré-exploitation consiste à implanter des cultures à vocation énergétique telles que le Miscanthus x giganteus (MxG), une plante en C4 servant à produire du bioéthanol et des pellets pour chaudières à granulés. Au delà du potentiel économique de cette pratique, il est toutefois important de déterminer si la culture de MxG permet également une amélioration de la qualité des propriétés biologiques du sol, et donc une réhabilitation « écologique » de ces sols pollués. L’objectif de cette étude a été d’évaluer l’impact de la plantation de MxG sur les propriétés biologiques, et plus précisément microbiologiques du sol. Pour cela, le travail s’est appuyé sur un essai mis en place sur le site de Pierrelaye-Bessancourt dont la zone agricole a été irriguée pendant plus de cent ans par des eaux usées non traitées. L’effet du MxG sur les communautés microbiennes du sol a été évalué par la caractérisation de l’abondance et la diversité des communautés (bactéries et champignons) par des outils moléculaires (extraction de l’ADN du sol, estimation de la biomasse moléculaire et séquençage massif des gènes ribosomiques). L’impact de la culture de MxG a été testé (a) par comparaison des propriétés microbiennes du sol entre une parcelle labourée avec rotation de cultures et une parcelle sur laquelle du Miscanthus x giganteus était implanté depuis quatre ans, et (b) par une comparaison de l’évolution, sur deux ans suivant l’implantation de MxG, de l’abondance et de la diversité des communautés de bactéries et de champignons. Nos résultats montrent qu’il n’y a pas de différence significative d’abondance microbienne sous MxG ou sous culture avec labour, ni même lors de l’étude de l’évolution des communautés en zone irriguée et non-irriguée. Cependant la culture bioénergétique de MxG entraine une modification de la composition taxonomique des communautés de bactéries et de champignons, favorisant le développement de populations symbiotiques par rapport à la culture conventionnelle avec labour. Le suivi de la dynamique des communautés microbiennes telluriques suite à l’implantation du MxG a permis de mettre en évidence une réponse importante de la diversité des communautés de bactéries et de champignons après deux ans d’implantation du MxG. La dynamique de réponse et l’identité des populations stimulées par l’implantation de MxG indiquent que cette culture pourrait permettre une réhabilitation du patrimoine microbien de ces sols pollués.