Introduction Hendrikse et al. [1] mettent en évidence des biais attentionnels (le fait que notre attention soit attirée par certains stimuli plus perceptivement saillants que d’autres dans l’environnement) différents selon le statut pondéral des individus. Ces biais attentionnels sont exacerbés chez les individus en surpoids et obèses face à des stimuli alimentaires à haute densité énergétique [2]. Ces biais semblent jouer un rôle dans le développement et dans le maintien de l'obésité. Notre étude se propose d’étudier les biais attentionnels chez des adultes normo-pondéraux (NP), en surpoids (SP) et obèses (OB) ainsi que les effets d’odeurs alimentaires sur ces biais, en utilisant un paradigme d’amorçage olfactif comme levier potentiel pour impacter ces biais. Notre première hypothèse est qu’un amorçage olfactif pourrait avoir un impact différent chez les adultes NP, SP et OB, ce qui se traduirait par des différences de biais attentionnels dans une Visual Probe Task (VPT). Notre seconde hypothèse est que chez les adultes NP, SP et OB, le mode d'exposition (non-attentive vs. explicite) pourrait avoir un impact différent sur les biais attentionnels. Méthode 105 hommes et femmes (n= 35 NP, n= 35 SP et n=35 OB) seront recrutés pour participer à deux sessions expérimentales. Tous les participants viendront au laboratoire sous un faux prétexte. Lors d’une première séance, les participants seront exposés de manière non-attentive à des odeurs alimentaires (fruitée, grasse-sucrée, pas d’odeur) en utilisant le dispositif d’odorisation des mousses d’un micro-casque récemment utilisé en amorçage olfactif [3]. Tous les participants effectueront une VPT adaptée à l’alimentation dans ces trois conditions d'amorçage olfactif. Pour la VPT, deux catégories de paires d’images seront utilisées (images alimentaires faible densité énergétique (LDE) appariées à images neutres, images haute densité énergétique (HDE) appariées à images neutres). Toutes les images seront sélectionnées à partir de la base de données standardisée Food Pics [4]. La tâche débutera avec une croix de fixation suivie par l’apparition d’une paire d’images. Après chaque présentation, un point remplacera l'une des images. Les participants devront répondre le plus rapidement possible en indiquant la localisation du point (droite ou gauche). Les temps de réaction (TR) seront enregistrés. Les scores seront calculés en soustrayant, pour chacun des sujets, la médiane des temps de réaction des essais incongruents (i.e. essai où le point a remplacé l'image neutre) à la médiane des temps de réaction des essais congruents (i.e. essai où le point a remplacé l'image alimentaire). Deux semaines plus tard, les mêmes participants réaliseront à nouveau la VPT mais en étant explicitement informés de l'odorisation des mousses des micros casques. Notre protocole est à la fois exploratoire et novateur car il permettra de mesurer comment un amorçage olfactif (non attentif vs. explicite) peut influer sur les biais attentionnels. Résultats Les séances expérimentales sont en cours et se termineront fin mai 2018. Outre la réplication des résultats de Hendrikse [1], nous nous attendons à observer un impact différent de l’amorçage sur les biais attentionnels selon le statut pondéral des participants et en fonction des odeurs utilisées. De plus, nous pensons que l’exposition non-attentive à des odeurs aura un impact plus important sur ces biais. Discussion La confirmation de l'existence de biais attentionnels spécifiques au statut pondéral pourrait nous aider à mieux comprendre l’importance des facteurs cognitifs dans le surpoids et l'obésité. De plus, arriver à comprendre comment un amorçage olfactif pourrait avoir un impact sur ces biais permettrait d’identifier plus précisément les liens entre l’environnement de l’individu et son comportement alimentaire, ainsi que d’envisager la perspective de nouveaux leviers d’action dans la lutte contre le surpoids et l’obésité.