Perturbateurs endocriniens : effet sur les préférences gustatives et l'obésité
Résumé
Plusieurs études relient l’évolution de l’incidence de l’obésité à une évolution sociétale: l’accès des femmes au travail, les facilités de transport et l’essor de l’industrie agroalimentaire ont généré une "transition nutritionnelle" où le repas mijoté à base de produits frais a fait place au repas vite-prêt et fast-foods. La surconsommation de graisses et sucres et la moindre consommation de fruits et légumes sont bien souvent incriminés. Toutefois, l’usage concomitant de produits chimiques dans la production agricole et la confection de produits raffinés et/ou transformés, pourrait être un facteur aggravant, le taux d’obésité pouvant atteindre 50% en régions polluées. Les perturbateurs endocriniens (PE) sont particulièrement suspectés, plusieurs études épidémiologiques reliant l’incidence de l’obésité au degré d’exposition à des contaminants alimentaires ou environnementaux dotés de propriétés oestrogéniques ou anti-androgéniques (bisphénol A, phtalates, pesticides…). Cette hypothèse est soutenue par le fait que les stéroïdes sexuels gouvernent plusieurs déterminants des préférences gustatives: sécrétions salivaires, expression des bourgeons gustatifs, seuils de détections des saveurs, réponses des circuits neuronaux, etc…, mais aussi la formation du tissu adipeux. Expérimentalement, des études menées chez l’animal identifient des effets de PE sur les choix alimentaires tandis que d’autres démontrent l’impact d’une exposition précoce sur la genèse de l’obésité. Cet exposé rapporte des effets de PE sur des organes impliqués dans la régulation des préférences gustatives et de l’adipogenèse, et discute des possibles liens entre “préférence au sucré” et obésité.