Les études sur les conséquences de la globalisation des filières agro alimentaires sur l’environnement se multiplient, et les réseaux alternatifs locaux ayant pour but de réduire les intermédiaires entre les producteurs et les consommateurs sont présentés comme permettant un retour à une agriculture et un système de consommation durables. Plus précisément ces réseaux ont, entre autres, pour but de réduire l’impact environnemental des «food miles», ou distance parcourue par les produits alimentaires entre le lieu de production et les lieux de consommation. Ce concept de «food miles» est utilisé comme un indicateur de développement durable et de plus en plus comme un outil de communication à destination des consommateurs. Cependant, si les chercheurs, décideurs ou activistes dans le domaine de l’environnement semblent convaincus de l’importance des «food miles», aucune étude n’a été menée afin de savoir si et comment les consommateurs perçoivent les «food miles» et sont susceptibles d’en tenir compte dans leur processus de choix des produits. C’est donc l’objet de cet article, qui s’attache à mettre en évidence les perceptions des food miles par les consommateurs en France grâce à une étude qualitative. La première partie présente les différents types de distance perçue entre les consommateurs et les produits alimentaires. Cette distance perçue peut favoriser un certain désintérêt de la part des consommateurs vis à vis des produits alimentaires et de la façon dont ils sont produits; à l’opposé elle peut être à l’origine de préoccupations croissantes -environnementales, sociales ou plus individuelles telles que les préoccupations santé - et expliquer le besoin de re-créer des liens perdus avec les produits et les producteurs.