Introduction et but de l’étude: Dans le cadre du rééquilibrage de consommation entre produits animaux et végétaux, les leviers comportementaux des consommateurs en lien avec la diminution de viande demeurent méconnus. Parmi les modèles de psychologie, le modèle transthéorique permet de mieux comprendre les mécanismes d’adoption d’un changement intentionnel de comportement. Il permet d’identifier le stade auquel un individu se situe, allant d’une résistance face au changement (Pré-contemplation) à son adoption ancrée dans les habitudes (Maintien). Il a été appliqué à des problématiques cliniques nutritionnelles, mais peu à l’étude des comportements de diminution des produits animaux. L’objectif de cette étude est de décrire les stades de changement de la diminution de consommation de viande dans une population d’adultes français non-végétariens, et d’étudier leur association avec les motifs (ou raisons) et les caractéristiques nutritionnelles, sociodémographiques et du mode de vie. Matériel et méthodes: Cette étude a été conduite à partir de données collectées en 2018 chez 18 103 participants non-végétariens de la cohorte NutriNet-Santé. Les cinq stades de changement (Pré-contemplation, Contemplation, Préparation, Action, Maintien) et 22 items relatifs à la diminution de la consommation de viande (ex : environnement, santé...) ont été évalués par un questionnaire en ligne. Pour chaque item, le motif puis sa capacité à induire un changement ont été évalués par deux échelles de Likert à 5 points, permettant de classer les participants en trois groupes : pas de motivation, motivation sans capacité de changement, motivation avec capacité de changement. Les consommations alimentaires ont été obtenues à partir d’au moins 3 enregistrements alimentaires de 24h. Des indicateurs de qualité nutritionnelle ont été calculés comme les consommations journalières moyennes d’aliments et la contribution des protéines végétales à l’apport énergétique total (AET). Des analyses statistiques ont permis de comparer les caractéristiques nutritionnelles, sociodémographiques et du mode de vie des individus pour chaque stade de changement. Résultats et Analyse statistique: Plus les individus se déclaraient à un stade de changement avancé, plus les motifs relatifs à la santé, la nutrition et l’environnement étaient fréquemment déclarés. Concernant les données alimentaires, un stade avancé était associé à des consommations en produits animaux plus faibles, avec 96,3± 46,1 g/j de viandes pour la pré-contemplation et 63,1± 35,3 g/j pour le maintien, et des consommations en produits végétaux plus élevées, avec respectivement, 4,9±1,0 et 5,6±1,1 % de protéines végétales de l’AET. Les femmes et les participants de statut socioéconomique et d’activité physique plus élevés étaient davantage représentés dans le stade de maintien. Conclusion: Cette étude a permis d’identifier les stades de changement vers une diminution pérenne de la consommation de viande et de les caractériser. Cette analyse contribue à mieux comprendre le processus de diminution de viande afin d’adapter les stratégies d'intervention dans le cadre de la promotion de la durabilité de l’alimentation.