L’amélioration génétique a pour objet de réunir dans une même variété un maximum de caractères favorables. Les programmes menés jusqu’à présent sur les espèces fruitières ont permis de consolider et d’élargir les gammes variétales, et de proposer de nouvelles variétés moins sensibles aux bioagresseurs. Les objectifs et les critères de sélection doivent évoluer pour maintenir la production commerciale tout en adaptant les nouvelles variétés aux changements de l’environnement, notamment climatiques. Pour cela, la sélection de nouvelles variétés peut s’appuyer sur l’utilisation des ressources génétiques, sur les connaissances récentes, sur les nouvelles méthodes et les nouveaux outils de sélection. En effet, depuis les années 1950, des avancées majeures ont été réalisées chez les espèces fruitières tant au niveau des connaissances de leurs génomes et des déterminismes génétiques de caractères d’intérêt agronomique et adaptatif qu’en matière de méthodologie de sélection. La mise au point d’un nombre croissant de marqueurs moléculaires a permis la construction de cartes génétiques de plus en plus denses. Plusieurs génomes de référence ont été entièrement séquencés, donnant accès à des informations sur les gènes sous-jacents et à leur arrangement le long des chromosomes. Parallèlement, la caractérisation des phénotypes s’est affinée. Les études d’abord effectuées sur des bases génétiques relativement restreintes (populations biparentales) ont été étendues à des populations multi-parentales et à des collections, accroissant ainsi les bases génétiques potentiellement utilisables en sélection. De plus, la reconstruction des généalogies permet désormais, chez certaines espèces, de suivre la transmission des segments chromosomiques de génération en génération. Nous abordons tout d’abord les spécificités et les apports historiques de l’amélioration génétique chez les espèces fruitières de climat tempéré. Puis nous examinons les nouveaux objectifs et les stratégies qui peuvent être envisagés pour répondre 358 Les productions fruitières à l’heure du changement climatique aux enjeux soulevés par les multiples changements environnementaux en cours. Dans le cadre de cet ouvrage, nous considérons plus particulièrement des adaptations aux impacts de la hausse des températures (voir chapitre 5), de la contrainte hydrique et de l’irrégularité de la pluviométrie (voir chapitre 8), mais aussi des adaptations des espèces fruitières aux bioagresseurs, eux-mêmes soumis à des impacts du changement climatique (voir chapitre 10). L’amélioration génétique doit également prendre en compte les nouvelles attentes sociétales concernant l’évolution des pratiques culturales et l’intégration des principes de l’agroécologie.