Certains systèmes alternatifs laitiers font « adopter » plusieurs veaux à des vaches « nourrices », plusieurs semaines après leur propre vêlage. Séparées de leur veau à parturition, ces vaches sont hors production pour des raisons sanitaires et choisies pour leur calme. Cette situation offre une possibilité d’étudier la capacité des veaux et des vaches à développer des liens préférentiels hors processus habituel de développement. 25 veaux (âgés de 5 à 10 jours) ont été adoptés par 9 vaches nourrices (2 ou 3 veaux/nourrice). Nous avons suivi les animaux jusqu’au sevrage à 9 mois, avec trois sessions de tests individuels de choix et d’observations au pâturage (mai, août et novembre 2021). A chaque session, les veaux pouvaient choisir de s’approcher ou non de leur nourrice ou d’une autre nourrice du troupeau. Cette phase de test était suivie d’une phase de retrait de leur nourrice. Des observations au pâturage des distances nourrice-veau ont également été effectuées, à raison de 2h d’observation matin et soir sur 4 jours avec des SCAN toutes les 6 minutes sur la première et la dernière session. Lors des tests de choix, les veaux expriment une préférence très forte pour leur nourrice (Sessions 1 & 2 : p< 0,005 ; Session 3 : p=0,05) et ils vocalisent plus (p< 0,01) lorsqu’elle disparait. Durant la phase de choix, les veaux ont augmenté (p< 0,005) leur temps d’exploration à la deuxième session par rapport à la session 1 et 3. Lors des observations au pâturage et quel que soit leur âge, les veaux ont été enregistrés plus souvent proches de leur nourrice que le hasard par rapport aux autres vaches (p< 0,01). Hors du contexte de la mise-bas et des premiers contacts connus comme période sensible, les veaux et leur nourrice semblent donc créer un lien préférentiel, qui perdure dans le temps. Elle pourrait prendre un statut de substitut maternel. Des études complémentaires sur le développement comportemental des veaux et sur la perception de ces veaux par leur nourrice dès l’adoption seront à mener.