Pas de bien-être possible pour les animaux élevés dans des conditions intensives
Résumé
L’état de bien-être de l’animal suppose « un état mental et physique positif lié à la satisfaction de ses besoins physiologiques et comportementaux ainsi que de ses attentes » selon la définition de l’ANSES (2018). Les animaux d’élevage ont de grandes capacités émotionnelles et socio-cognitives. Ils peuvent ressentir de nombreuses émotions telles que la peur, la colère, la déception, l’ennui, le dégoût ou encore le plaisir. Leurs capacités d’évaluation de leur environnement reposent sur de nombreuses compétences cognitives (catégorisation, manipulation de quantités, raisonnement par inférence, etc.) et sociales (reconnaissance des congénères, liens sociaux, etc.).
Prendre en compte la sensibilité émotionnelle et les capacités socio-cognitives des animaux d’élevage est indispensable pour mettre en place des conditions de vie favorisant leur bien-être. Cela implique notamment que leur environnement physique et social réponde réellement à leurs besoins et leurs attentes, et que les animaux puissent exercer un contrôle sur cet environnement. Cependant, dans le cas des systèmes d’élevage intensifs, systèmes qui visent une productivité maximale par unité de surface, les conditions de vie des animaux ne leur permettent pas d’exprimer leur répertoire comportemental et sont à l’origine de désordres physiques et psychologiques (https://revue-sesame-inrae.fr/ameliorer-le-bien-etre-des-animaux-delevage-est-ce-toujours-possible/). Il existe donc un grand écart entre les conditions de vie proposées aux animaux et celles qui pourraient être attendues en conséquence de leurs capacités socio-cognitives et émotionnelles.
Certains de nos travaux ont permis de proposer des solutions pour améliorer ces conditions de vie, mais celles-ci sont peu ou pas appliquées en raison de leur coût et d’une potentielle baisse de rentabilité. Nos travaux de recherche ont permis de faire avancer les connaissances sur les animaux, de montrer que la sensibilité psychique des animaux d’élevage doit être respectée, mais ils ont aussi parfois servi de caution scientifique à des productions intensives. Il nous appartient donc de nous questionner sur les types d’élevage qui permettent réellement une amélioration de la qualité de vie des animaux, mais aussi des éleveurs et des éleveuses, et ce, dans le respect de l’environnement. Puisque le bien-être des animaux n’est pas possible dans certains systèmes, il s’agit de réfléchir au moyen faire évoluer les pratiques, les systèmes et les filières pour élever les animaux dans des conditions respectueuses de leur bien-être.