Introduction et but de l’étude Dans le contexte d'une population vieillissante, où près de 20% des individus ont dépassé l'âge de 65 ans (1), la préservation du capital santé, la qualité de l’alimentation et le maintien de l'autonomie deviennent des enjeux essentiels. Ces éléments rejoignent des défis sociétaux tels que la transition alimentaire, la durabilité, l'accessibilité alimentaire, le bien-être et le plaisir alimentaire. Pour relever ceux-ci, un programme de prévention dédié à l'alimentation des seniors a été conçu en se basant sur leurs besoins et attentes. Le but de cette étude est de concevoir un programme adapté, à destination des plus de 55 ans. Matériel et méthodes 45 sujets de plus de 55 ans ont été recrutés dans un pôle senior, un centre social et une résidence autonomie afin de former six groupes (7 participants par groupe) de discussion. La majorité, soit 24 d'entre eux, avaient plus de 76 ans, 42 étaient des femmes, 3 étaient des hommes, 42 étaient des retraités. Le guide d'animation comprend six catégories de thématiques en relation avec l'alimentation, les connaissances sur l'alimentation saine, la sensibilité à la notion de durabilité, les pratiques alimentaires (approvisionnement en cuisine, environnement du repas), et le lien intergénérationnel. L’analyse a été réalisée à partir d’observations lors des ateliers et d'entretiens posts-ateliers. Résultats et analyses statistiques L’analyse a montré que les principaux verbatims associés au rôle de l'alimentation étaient le plaisir, la convivialité, la contrainte, la nécessité, et le traditionnel. Concernant la conception de l'alimentation saine, les catégories identifiées sont : les produits (fruits, légumes, produits non traités, non préparés), l'équilibre, la diversité, les caractéristiques des aliments (de saison, biologiques), la santé (respect des avis médicaux, gestion du poids), et les contraintes (budget, accessibilité et variété, motivation à cuisiner pour soi). Concernant les pratiques alimentaires, les principaux lieux fréquentés pour les courses sont les supermarchés, suivis des marchés, des producteurs locaux et des petits commerces. Les critères de choix comprennent la diversité, l'aspect, la fraîcheur et les indicateurs de qualité. Les difficultés rencontrées sont le manque de diversité, la routine alimentaire, les étiquettes trop complexes et le marketing trompeur. De plus, certains participants cuisinent régulièrement tandis que d'autres optent pour des plats préparés. Globalement, cette population fréquente rarement les restaurants. Certains voient la cuisine comme une corvée, d'autres comme un plaisir, surtout en présence d'invités. Certains sont curieux d'apprendre de nouvelles techniques et recettes simples, ainsi que d'explorer les cuisines du monde. En ce qui concerne l'environnement du repas, ceux en compagnie sont préférés aux repas solitaires. Le lien intergénérationnel a également été abordé, mettant en évidence deux attitudes dominantes : le désir de procurer du plaisir aux petits-enfants et l'intention d'apporter une éducation alimentaire à ces derniers. Ainsi, un programme appelé ALISA, « ALImentation Saine durable et Accessible », en 4 ateliers participatifs a été construit et proposé à des villes partenaires. Le premier atelier est axé sur le souvenir et la notion de plaisir pour embarquer les participants grâce à une dégustation d’un aliment en pleine conscience. Ensuite, un jeu de cartes «Question pour un oignon» vient apporter des notions essentielles en termes d’alimentation pour les seniors, suivi d’un atelier apportant des conseils pratiques pour mieux appréhender les repas, via la lecture d’étiquettes, les méthodes d’approvisionnements ou encore la notion de durabilité. Enfin, un atelier pratique culinaire avec un livret de recettes adaptées, simples, et à petit budget est proposé. Conclusion Les résultats de ces groupes de discussion ont orienté les contenus des actions de proximité destinées à ce public. Plusieurs thématiques sont ressorties permettant de construire 4 ateliers portant sur le souvenir, les besoins nutritionnels, la durabilité et l’accessibilité ainsi que les découvertes et pratiques culinaires. Des divergences ont été observées au sein des groupes concernant la perception de l'alimentation comme une corvée quotidienne pour certains, et comme un plaisir et une source de curiosité pour d'autres. Par conséquent il est essentiel de, placer le plaisir et le divertissement au coeur des actions de proximité visant l’alimentation des personnes de plus de 55 ans.