Les projets d’inscription au patrimoine mondial de l’Unesco s'inscrivent dans des stratégies de développement territorial. Cependant, l'effet de ces reconnaissances dépend des démarches qui les accompagnent et de la mise en place de dispositifs de gouvernance ad hoc pendant la démarche de candidature et après l’inscription. Dans la littérature, il a été montré qualitativement que le processus d'inscription à l'Unesco pouvait être un levier de coordination. L’objectif de mon travail de thèse est de le caractériser quantitativement à l’échelle territoriale grâce à l'analyse des réseaux sociaux. Pour ce faire, nous retraçons, via des entretiens semi-directifs et du travail d’archives, les démarches d’inscription de deux territoires reconnus à l’Unesco, la Chaîne des Puys-Faille de Limagne ainsi que les Causses et les Cévennes. Nous étudions ensuite les effets de ces démarches de candidature grâce à des analyses des réseaux sociaux complets. 115 entretiens sociométriques ont été réalisés entre février 2022 et mars 2023. L’analyse porte premièrement sur les réseaux des acteurs individuels, majoritairement du secteur public, ainsi que des institutions qu’ils représentent, ayant participé et/ou participant aux réunions des dispositifs de gouvernance spécifiques au bien Unesco pour obtenir la reconnaissance ou le gérer après l’inscription. L’étude porte également sur le réseau des entreprises et associations à but lucratif étant membres d’un ou plusieurs dispositifs valorisant l’inscription à l’Unesco. Les données relationnelles ont été collectées sur Excel puis formatées sous forme de matrice via Python. Les réseaux ont ensuite été modélisés sur R via statnet et igraph à deux niveaux, individuel et organisationnel, ainsi que sur trois périodes (avant, pendant et après la démarche). Des essais pour les visualiser de manière dynamique la structure des réseaux sur Visone sont en cours. Ces réseaux sont également multiplexes, considérant treize types de liens différents, orientés et pondérés. Différentes façons de mesurer la force des relations sont testées en utilisant le nombre de ressources échangées, la fréquence des interactions, et la qualité de la relation. Ces réseaux sont finalement complets, ils se basent donc sur les relations entre les acteurs interrogés mais des recherches sont en cours pour considérer des relations vers l’extérieur, que ce soit des acteurs n’ayant pu répondre à l’enquête ou en dehors de la frontière. Les données relationnelles ont ensuite été analysées de manière descriptive avec des mesures de degrés centrées sur les acteurs ainsi que de densité, réciprocité et transitivité sur l’ensemble du réseau. Des analyses stochastiques en utilisant le modèle MRQAP et ERGM sont encore à mettre en œuvre pour comprendre les mécanismes de création de liens entre acteurs. Des analyses dynamiques via Siena ont été envisagées mais seule une comparaison des résultats de l’analyse descriptive dans le temps a été réalisée. Des pistes de réflexion sont en cours pour améliorer ce pan de l’étude. Ces quatre enjeux méthodologiques de la thèse, concernant la visualisation et l’analyse de réseaux sociaux longitudinaux, multiplexes et complets, pourront servir de base de discussion lors de l’atelier doctoral. Les premiers résultats de cette étude sont également soumis pour une communication à la conférence FROGNET.