Contribution à la gestion de la pérennité des entreprises de l'agriculture et de l'agro-alimentaire - INRAE - Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement Accéder directement au contenu
Hdr Année : 2014

Contribution to management of permanence for farms and agrifood companies

Contribution à la gestion de la pérennité des entreprises de l'agriculture et de l'agro-alimentaire

Résumé

Contribution à la gestion de la pérennité des entreprises de l’agriculture et de l’agro-alimentaire Dans certaines régions rurales françaises, les exploitations agricoles redéfinissent leurs contours et leurs activités à chaque génération. Au point qu’on ne saurait identifier une « entité exploitation » stable au-delà de quelques dizaines d’années. Mais il arrive qu’une certaine exploitation agricole perdure dans son identité, de génération en génération. Le phénomène existe partout, y compris dans des zones montagneuses ou dites déshéritées, en dépit de toutes les théories financières. De manière analogue, nous sommes surpris par la pérennité de certaines petites filières de produits agricoles, au fil des générations. A partir d’études de cas, les travaux exposés ici attribuent ces longévités exceptionnelles au partage d’une éthique de métier, qui se trouve en phase avec un marché. Pour l’agriculteur comme pour les protagonistes d’une petite filière agro-alimentaire, posséder une éthique de métier signifie que l’on raisonne les décisions importantes en fonction d’une convention conforme à la Grammaire de la Justice (Boltanski et Thévenot, 1991) qui inclut un bien commun local. Cette éthique est « en phase avec un marché » quand il existe une clientèle prête à rechercher les denrées et les aménités cohérentes avec cette éthique. Il peut s’agir d’un fromage typé, mais aussi de maïs ordinaire protégé par « lutte intégrée » (sans pesticides), de séjours à la ferme, ou d’un ensemble de produits disponibles en vente directe. Qu’en est-il pour des filières beaucoup plus imposantes, telles que les filières agro-alimentaires multinationales ? Leur ruée sur les certifications (commerce équitable, agriculture biologique, ISO26000 etc.) de tous ordres montre qu’elles y trouvent des avantages. Est-ce qu’elles en espèrent les moyens de durer ? Leurs responsables du « développement durable » cherchent-ils à reproduire ainsi le lien vertueux (pour la pérennité) entre bien commun et marché, que vous venons d’évoquer? Le terrain de l’agroalimentaire multinational vibre de multiples tentatives pour prouver (aux usagers, aux pouvoirs publics, aux partenaires) que la filière agit en faveur du bien commun. Quel bien commun ? Veut-on empêcher les expropriations des petits agriculteurs chassés par les plantations de palmier à huile en Malaisie, ou favoriser la culture du palmier à huile chez les petits agriculteurs brésiliens à la reconquête forestière des herbages volés à la forêt amazonienne ? Quel est le « salaire décent » dans une plantation de banane au Costa-Rica, au Cameroun ? Comment développer une filière d’eau minérale en Inde sans heurter les populations locales ? Répondre totalement à ce type de question réclamerait un très lourd programme en sciences humaines et sociales. Le programme en cours pour évaluer les changements envisagés dans ces filières du point de vue social est une petite partie de ce grand programme. Son ambition est double. La première est de défendre une méthode pour expliciter les biens communs (généraux et locaux) défendus dans chaque circonstance. La seconde est de générer une « métrique sociale » pour évaluer les projets de ces filières. La particularité de cette évaluation sociale est de regarder ce qui risque de changer (du point de vue social) dans n’importe quelle étape du cycle de vie, soit bien au-delà de ce que l’on considère habituellement en évaluation de projet. Malgré tous ses manques, nous faisons le pari que les résultats générés par ce programme sauront accompagner le raisonnement des grandes filières agro-alimentaires dans leur recherche de pérennité.
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tel-02600821 , version 1 (16-05-2020)

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Citer

Catherine Macombe. Contribution à la gestion de la pérennité des entreprises de l'agriculture et de l'agro-alimentaire. Sciences de l'environnement. HDR, Université de Limoges, 2014. ⟨tel-02600821⟩
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