Introduction Pour répondre aux enjeux contemporains de l’agriculture, de l’alimentation et de l’environnement, les organisations (qu’il s’agisse de collectivités, d’entreprises, de citoyens, etc.) sont amenées à repenser les objets sur lesquels elles ont prise : des systèmes agricoles multifonctionnels, de nouveaux métiers d’animation, des écosystèmes anthropisés durables, etc. Or les propriétés de ces objets ne sont pas stabilisées ; elles sont en partie inconnues, à inventer. Dans un contexte où l’identité des objets n’est plus stabilisée, où les connaissances sont incomplètes, où les interactions entre organisations sont à repenser et où les valeurs attendues des innovations sont difficiles à prédire, les organisations passent d’un régime de conception réglée à un régime de conception innovante (Le Masson et al. 2010). Les enjeux organisationnels sont alors très différents. Dans un régime de conception réglée, les objectifs, critères de valeurs, connaissances à mobiliser peuvent être identifiés dès le début du processus de conception ; la conception peut donc s’organiser en partageant des tâches clairement définies et en articulant les contributions de chacun pour répondre à un objectif commun bien identifié. Dans un régime de conception innovante, de nouveaux modes d’organisation sont à inventer, qui laissent davantage de place aux interactions entre métiers et entre disciplines, et à l’exploration de solutions nouvelles.