Evaluation de l’effet de recommandations sur l’introduction de textures dans les premiers mois de diversification alimentaire sur les pratiques parentales et l’acceptabilité des aliments par le jeune enfant
Résumé
Introduction et but de l’étude : Proposer des aliments texturés aux nourrissons rapidement après l’initiation de la diversification alimentaire est essentiel pour leur apprendre à bien mastiquer et développer un répertoire alimentaire sain. Le comité d’experts en nutrition de l’ESPGHAN recommande d’introduire les aliments texturés entre 8 et 10 mois au plus tard. Or, des travaux ont montré qu’en France, les purées restent privilégiées par de nombreux parents pendant la première année et que les enfants sont capables de manger des textures plus complexes d’après une étude comportementale. La question de la texture n’étant pas abordée en détail dans les recommandations de santé publique (PNNS 0-3 ans, 2005) au moment de l’étude (2016-2018), nous avons développé des recommandations et des conseils pour sensibiliser, guider et inciter les parents à introduire des aliments de textures plus variées, suffisamment tôt, à partir de 8 mois et évaluer leur effet sur le comportement de nourrissage des parents et le comportement alimentaire de l’enfant par une étude interventionnelle pilote.
Matériel et méthodes : Soixante familles ont participé à l’étude (ID RCB : 2016‐A00839‐42) : 30 ont reçu les nouvelles recommandations et des conseils en plus des informations courantes (carnet de santé), 30 les informations courantes uniquement. Ces familles ont été suivies pendant 7 mois, entre les âges de 8 à 15 mois. A l’issue de l’intervention les pratiques de nourrissage des parents (questionnaire) et l’acceptabilité par l’enfant d’aliments de textures très différentes (repas au laboratoire) ont été étudiées.
Résultats et analyse statistiques : Les parents ayant reçu les recommandations ont introduit plus de petits morceaux mous que les parents ne les ayant pas reçues (p = 0,004), avec une différence dans le même sens mais non significative pour les morceaux plus gros ou plus durs (p=0,15). Les pratiques parentales de nourrissage étaient significativement associées aux comportements des enfants, quel que soit le groupe. Les enfants recevant davantage d’aliments de textures différentes étaient ceux qui mangeaient fréquemment avec les doigts (p = 0,02), et qui avaient des hauts-le-cœur peu fréquents (p = 0,02). Inversement, certains groupes d’enfants recevaient moins d’aliments de textures différentes : les ainés par rapport aux cadets (p = 0,03), et les enfants nourris principalement avec des produits pour bébé du commerce comparativement à ceux qui recevaient des aliments fait maison (p = 0,0016). Au laboratoire, les enfants qui acceptaient le mieux des aliments de différentes textures étaient ceux à qui les parents avaient proposé une large variété de textures (p = 0,041), particulièrement sous forme de morceaux, confirmant ainsi l’effet positif des expositions de l’enfant à des textures variées sur le développement de ses compétences orales et de l’acceptabilité des aliments.
Conclusion : La diffusion de recommandations sur l’introduction des textures des aliments a permis de modifier les pratiques parentales d’introduction de morceaux mous dans l’alimentation de l’enfant entre 8 et 15 mois, mais pas de morceaux plus gros ou plus durs. Les recommandations développées dans le cadre de cette étude ont contribué à l’actualisation des nouveaux repères alimentaires du PNNS pour les jeunes enfants (0-3 ans) publiés récemment en apportant des informations pratiques sur pourquoi, quand et comment introduire des textures lors de la diversification alimentaire.