On le sait, les pratiques éducatives des parents en matière d'alimentation ont un impact significatif sur le comportement du jeune enfant… Pourtant, la plupart des recherches qui ont examiné ces liens ont porté sur les mères, sans donner la parole aux pères. Afin de mieux comprendre l'influence des deux parents sur le comportement de leur enfant, Kaat Philippe a conduit une recherche inédite invitant 105 couples (105 mères et 105 pères d'un enfant âgé entre 2 et 6 ans) à répondre séparément à un questionnaire pour évaluer leurs pratiques mais aussi leur perception du comportement de leur enfant. En premier lieu, les résultats révèlent que les pères et les mères ont une perception relativement consensuelle des comportements alimentaires de leur enfant, ainsi que de la façon dont sont réparties les tâches entre les parents. Il ressort que ce sont principalement les mères, ou les deux parents, qui se chargent des achats et de la préparation des repas. En second lieu, les résultats soulignent que les pères mangent moins souvent en compagnie de leur enfant que les mères. Enfin, il est intéressant de souligner que les pères exercent plus fréquemment de pression sur leur enfant au moment des repas, recourent davantage à l'aliment « récompense » et proposent davantage de « menu enfant. Fait notable, une diminution significative du plaisir à manger chez l'enfant ainsi qu'une néophobie alimentaire plus forte sont décrites lorsque les deux parents exercent une pression pour inciter l'enfant à manger. Pour conclure, ces données soulignent l'intérêt d'impliquer les deux parents dans les recherches, tout en mettant en évidence l'effet contre-productif des stratégies contingentes (chantage) et coercitives (pression).