Réduction des Intrants médicamenteux en élevage (RIMEL)
Résumé
Maitriser la santé animale demeure fondamental en élevage pour optimiser le cycle de production et réduire les pertes (enjeu économique), contribuer au bien-être des animaux en en prenant soin (enjeu éthique) et limiter l’émergence de zoonoses (enjeu de santé publique). Pour répondre à ce triple enjeu, un collectif de chercheurs appartenant à 7 unités de 3 départements (PHASE, GA et SA) s’est fédéré pour contribuer à concevoir des pratiques ou des systèmes qui permettent aux animaux monogastriques de rester en bonne santé, notamment pendant les périodes sensibles. La stratégie utilisée par atteindre cet objectif est de valoriser la diversité (phénotypique, génétique, physiologique et microbiologique) au sein des ateliers d’élevage. Chez les volailles, nous avons étudié l’influence des conditions d’éclosion et de la présence d’une poule adulte avec les poussins au démarrage. L’objectif est de mettre en pratique l’éclosion en bâtiment permettant aux poussins un accès direct à l’aliment et à l’eau, éléments essentiels de leur robustesse ultérieure, tout en favorisant l’installation d’un microbiote diversifié. Les résultats concernant l’éclosion en bâtiment sont prometteurs, mais l’analyse reste à finaliser et la présence de poules adultes avec les poussins requiert de la vigilance sur les aspects sanitaires et comportementaux. Chez le porc, nous avons étudié les stratégies d’adaptation des porcelets à un sevrage tardif (42 jours) en conditions d’élevage biologique. Nous avons montré que la mise à disposition d’un aliment solide dès dix jours d’âge et d’ensilage de luzerne après le sevrage ne permet pas aux porcelets les plus légers de compenser leur retard de croissance. Cette étude préliminaire a permis d’initier des travaux portant sur la caractérisation de la variabilité des profils d’adaptation des porcelets en élevage biologique. Chez le lapin, nous avons étudié l’intérêt de combiner la diversité génétique et de pratiques (alimentaire et d’adoption au nid) pour optimiser à la fois la productivité et la santé des animaux (concept de « troupeau mosaïque »). Les résultats ont montré l’intérêt de la diversité génétique sur la santé et les performances des femelles reproductrices et celui de la diversité des pratiques sur la survie des lapereaux après le sevrage. A l’issu de ce travail, nous avons proposé et discuté (i) des principes (prévenir l’apparition des maladies, utiliser des animaux résistants ou développer leurs capacités adaptatives, soigner les animaux de façon ciblée), (ii) un cadre d'analyse distinguant les dimensions physique et psychosociale, elles-mêmes subdivisées en 11 composantes et (iii) des leviers d'action à l’échelle de l’élevage pour une gestion intégrée de la santé chez les animaux monogastriques.