Les mammites bovines (MB) constituent un problème récurrent majeur pour l'industrie laitière. Les antibiotiques utilisés pour traiter les MB ne sont pas totalement efficaces et peuvent contribuer au risque de dissémination de résistances antimicrobiennes. Leur prévention repose donc principalement sur la désinfection des trayons avec des produits chimiques tels que l'iode dont l’utilisation est remise en cause du fait d'une possible irritation de la peau et de la dissémination de résidus dans le lait. Il est donc important de développer des stratégies alternatives de prévention des MB. Cette étude vise à évaluer l’impact de l'application post-traite d’une souche de bactérie lactique (BL) sur la peau du trayon en vue de renforcer l’effet barrière du microbiote naturellement présent sur le trayon. Pour cela, le traitement avec la BL a été appliqué pendant 15 jours sur les quartiers de vaches Holstein (n=8 vaches) et comparé au traitement à l’iode (n=6) et à l’absence de traitement (n=6). Des échantillons de lait, de sang et des écouvillons de peau du trayon ont été prélevés à J1, J8, J15 et J26 pour évaluer l'impact du traitement avec la BL au niveau microbien, immunitaire et physiologique. La BL est présente sur la peau du trayon et dans le lait de 1er jet pendant le traitement et cela s’accompagne d’une augmentation significative de la population microbienne totale. L’analyse métataxonomique du microbiote de ces 2 sites anatomiques indique un faible impact du traitement avec la BL sur leur richesse mais un impact significatif sur leur composition. Le traitement avec la BL n'a déclenché aucune réponse inflammatoire majeure (cellules somatiques et IL-8 dans le lait) et aucun impact négatif significatif sur la fonctionnalité et l'intégrité de l'épithélium mammaire (production et composition du lait, exfoliation des cellules épithéliales, rapport Na+:K+ dans le lait). Ces résultats révèlent un impact du traitement avec la BL sur le microbiote du trayon tout en indiquant l’absence d’effets délétères sur la réponse immunitaire et l’intégrité de l’épithélium mammaire, ouvrant la voie sur l’utilisation de méthodes de prophylaxie plus durables et plus respectueuses de l'environnement, de la santé et du bien-être des animaux et de l’homme.