Une souche de limosilactobacillus mucosae augmentant la sécrétion de GLP1 : un espoir de traitement non pharmacologique du diabète de type 2.
Résumé
Introduction / but de l’étude
Le nombre de diabétiques de type 2 (DT2) traités pharmacologiquement en France est estimé à 3,5 millions de personnes (5,3% de la population). Parmi les différents traitements, l’avantage du Glucagon Like Peptide 1 (GLP-1 : naturellement produit par l’intestin avec l’apport en glucose alimentaire) est qu’il régule l’homéostasie du glucose via son potentiel insulino-sécréteur sans risque d’hypoglycémie mais aussi via l’augmentation de l’insulino-sensibilité des tissus cibles et sa régulation de la prise alimentaire (Huber et al, AJCN 2024). Il possède un fort potentiel thérapeutique mais les analogues de GLP1 proposés par voie orale pour contrer simultanément l’insulinorésistance et l’obésité présentent des effets secondaires digestifs (nausées) et restent onéreux (Pandey et al, 2023). A partir du microbiote d’un patient ayant subi une résection de l’intestin et qui présentait des taux de GLP1 augmentés, nous avons isolé une bactérie, Limosilactobacillus mucosae (LM) qui augmentait la sécrétion de GLP-1 in vitro, lorsque mise en contact des cellules intestinales (SCT1) en culture. Cet effet n’a pas été retrouvé avec d’autres souches de lactobacilles (e.g. Lacticaseibacillus casei – LC) (données brevetées). L’objectif de notre projet était donc d’utiliser les capacités intrinsèques de l’intestin à secréter le GLP-1 en développant une stratégie probiotique avec LM et d’évaluer son rôle thérapeutique potentiel dans le contrôle de la glycémie de population glucose intolérante ou/et insulino-résistante sans avoir recours au glucose pour stimuler cette sécrétion endogène
Matériels et méthodes
Trois repas différents ont été testés sur 3 mini-porcs équipés de cathéters permanents en veine porte et aorte abdominale dans un dispositif en cross-over avec 10 jours de wash-out entre chaque : 1- repas témoin (T), 2- même repas supplémenté avec la souche LC (1010 UFC) ou 3- avec la souche LM (1010 UFC). Le repas a été donné la veille et ensuite le matin de l’exploration post-prandiale. Des prélèvements de sang ont été réalisés en cinétique (0-240 min) dans la veine porte et l’aorte. Les concentrations en glucose, insuline et GLP-1 ont été mesurées dans le plasma. Les comparaisons entre groupes ont été réalisées par des tests t de Student en données appariées.
Résultats et analyses statistiques
Contrairement à LC, l’ingestion de LM par les mini-porcs a bien entraîné une augmentation de la concentration de GLP-1 dans la veine porte qui draine l’intestin, où est sécrété naturellement le GLP1.
Soixante minutes après l’ingestion du repas, aucune différence de concentration en GLP-1 n’est observée entre LC et T. Par contre la concentration en GLP-1 est augmentée pour LM de 47% par rapport à T (p=0.15) et de 58% par rapport à LC (p<0.05). La différence persiste sur toute la cinétique post prandiale avec une concentration de GLP1 qui tend toujours à être augmentée de 60% et 55% pour LM vs T et LM vs LC (t=180 min : P=0,07 et P=0,06 respectivement). Des tendances similaires sont observées en aorte mais ne sont pas statistiquement significatives. Ces différences de concentration en GLP1 ne sont pas accompagnées de modifications des insulinémies et glycémies post prandiales
Conclusion
Ces résultats préliminaires sur mini porcs qui présentent une physiologie digestive proche de l’Homme, suggèrent que notre souche bactérienne LM, apportée par voie orale, peut stimuler la sécrétion endogène de GLP-1. Ces données ouvrent la voie à de nouvelles stratégies thérapeutiques sans passer par un apport exogène d’analogues de GlP1 ou de glucose pour stimuler sa production. Si confirmé sur plus d’animaux, des études complémentaires sont nécessaires sur des animaux insulino-résistants, pour évaluer la traduction de cet effet GLP1-sécréteur de notre LM sur l’amélioration de l’homéostasie glucidique.