Impact du lait humain et d'une préparation pour les nourrissons sur l'axe microbiote-intestin chez le nourrisson, étude pré clinique.
Résumé
Thème : 12-Pédiatrie et néonatalogie
Introduction et but de l’étude :
L’alimentation du nourrisson est cruciale pour son développement. Un impact physiologique différent entre lait humain
(LH) et préparations pour nourrisson (PPN) est démontré sans que les mécanismes d’actions, en particulier sur le rôle
de l’axe microbiote-intestin-cerveau, ne soient réellement connus. L’objectif de cette étude a été de préciser son rôle
chez le mini-porcelet Yucatan utilisé comme modèle du nourrisson.
Matériel et méthodes :
Deux groupes de 9 porcelets âgés de 19 jours ont été nourris avec un pool de LH (provenant de 50 mères) ou une PPN
pendant 6 jours puis ont été sacrifiés. Le microbiote (séquençage ARNr 16S) et la digestibilité iléale standardisée (DIS)
du tryptophane (Trp) ont été analysés. La perméabilité iléale et colique a été mesurée en chambre d’Ussing.
L’expression de gènes impliqués dans les fonctions barrière et immunitaire, le métabolisme, ou codant les récepteurs
de nutriments, de neurotransmetteurs et d’hormones a été analysée par PCR (SmartChip) dans le cerveau (69 gènes)
et l’intestin (106 gènes).
Résultats et analyse statistique :
Une baisse de l’α-diversité associée à une plus faible abondance des phyla Bacteroidetes, Fusobacteria et
Deferribacteres ont été observées dans le colon des porcelets LH. Le nombre de gènes différemment exprimés entre
LH et PPN était variable selon les tissus : 35% dans le colon, 10% dans l’iléon, 16% dans hypothalamus, 14% dans le
cortex préfrontal, 10% dans l’hippocampe et seulement 3% dans le striatum.
Dans les colons du groupe LH, les gènes impliqués dans la réponse immunitaire pro- et anti-inflammatoire (BAFF, IL10,
IL10Rα, TNFαR1 et TLR2) étaient significativement plus exprimés (+28% à +70%, P<0,05) mais ceux régulant la fonction
barrière étaient moins exprimés (Cdh1, CLDN3 et MLCK, -30%, P<0,05) en accord avec une perméabilité paracellulaire
plus élevée (P<0,05). Les gènes codant les récepteurs aux acides gras libres (FFAR1 et FFAR2) étaient plus exprimés
chez les porcelets LH (+50%, P<0,05). Concernant le métabolisme du Trp, l’expression des gènes de la voie de la
kynurénine et de l’indole (iléon) était plus élevée chez les porcelets LH (+27%, P<0,05) tandis que celle des gènes
impliqués dans la voie de la sérotonine (iléon et colon) était réduite (-50%, P<0,05). Toutefois, la DIS du Trp n’était pas
significativement différente entre LH et PPN (98,8± 0,5%, P>0,05). Dans le cerveau, les gènes impliqués dans les
fonctions barrière hémato-encéphalique (Cdh2 et Marveld2) et endocrine (NPY et GLP1r) et de la neuro-
/synaptogenèse (BDNF, SHH, CYPFIP2) étaient moins exprimés chez les porcelets LH (-52% à -211%, P<0,05).
Conclusion :
L’alimentation du nourrisson, LH vs. PPN, affecte de manière spécifique l’axe microbiote-intestin-cerveau. Ces résultats
suggèrent un rôle du microbiote dans ce phénomène et montrent que l’optimisation des PPNs pour mimer au mieux
le LH est encore à poursuivre.
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