Consommation d'aliments issus de l’agriculture biologique pendant la diversification alimentaire et allergies jusqu'à 5,5 ans dans la cohorte ELFE
Résumé
Introduction et but de l’étude : Le rôle de la consommation d'aliments issus de l’agriculture biologique (AB) pendant la diversification alimentaire et ses associations avec les allergies ne sont pas clairement établis. La présente étude visait à déterminer : 1) si les antécédents d'allergie sont associés à la consommation d'aliments AB pendant la diversification alimentaire et 2) si la consommation d'aliments AB pendant la petite enfance est liée à l'incidence des maladies respiratoires et allergiques jusqu'à 5,5 ans.
Matériel et méthodes : Des analyses ont été effectuées sur plus de 8000 enfants de la cohorte de naissance ELFE. La consommation d’aliments AB a été recueillie à l’aide d’auto-questionnaires, mensuellement entre 3 et 10 mois, et les évènements de santé l’ont été lors d'entretiens téléphoniques, à 2 mois, 1 an, 2 ans, 3,5 ans et 5,5 ans. Les associations entre les antécédents d'allergie de la famille ou du nourrisson et la fréquence de consommation d'aliments AB pendant la diversification alimentaire ont été évaluées à l’aide de régressions logistiques multinomiales. Chez les enfants sans allergie aux protéines de lait de vache (APLV) diagnostiquée avant 2 mois, les liens entre la consommation d'aliments AB pendant la diversification et les maladies respiratoires ou allergiques entre 1 an et 5,5 ans ont été évaluées à l'aide de régressions logistiques ; ajustées notamment sur les antécédents familiaux d’allergie.
Résultats et Analyse statistique : Après ajustement, les antécédents familiaux d'allergie ou une APLV rapportée à 2 mois étaient fortement et positivement liés à la consommation d'aliments AB pendant la diversification alimentaire (antécédents familiaux : ORBio frequent vs jamais= 1,42 [1,22 ; 1,66] ; APLV à 2 mois : ORBio frequent vs jamais= 2,29 [1,20 ; 4,36]). Chez les enfants sans APLV à 2 mois, la consommation d'aliments AB pendant la diversification n'était pas liée au risque de maladies respiratoires ou d'eczéma jusqu'à 5,5 ans, mais à un risque plus élevé d'allergie alimentaire (OR= 1,56 [1,22 ; 1,98]).
Conclusion : Les antécédents familiaux ou personnels d'allergie sont fortement associés au recours aux aliments AB. Cependant, la consommation d'aliments AB n'est pas associée à un risque plus faible d'allergie respiratoire ou d’eczéma plus tard dans l'enfance, et pourrait être associée à un risque plus élevé d’allergie alimentaire. Concernant cette dernière association, des études d’intervention sont nécessaires pour éliminer complètement le biais de causalité inverse et distinguer l’effet propre des aliments AB de celui des pratiques associées.