Stratégies probiotiques ciblant le microbiote pour limiter la fonte musculaire chez les sujets âgés dénutris et /ou en inflammation bas bruit.
Résumé
Dans l’équipe iMPROVINg de l’Unité de Nutrition Humaine, nous nous intéressons aux fontes musculaires liées à l’âge associées ou non au développement de dérives métaboliques ou pathologies chroniques comme l’insulino-résistance, le diabète, l’obésité. Les causes de cette fonte musculaire sont multiples mais des altérations dans le métabolisme splanchnique et du microbiote hébergé par l’intestin peuvent être un des éléments explicatifs (altération de la biodisponibilité en nutriments et leur utilisation métabolique, via le développement de l’inflammation bas bruit ou de l’insulino-résistance). Du fait de ce rôle clé de l’aire splanchnique dans le développement de ces pathologies liées à l’âge, nous développons des stratégies nutritionnelles ciblant l’intestin, notamment le microbiote. En parallèle de l’évaluation de stratégies prébiotiques (Mohamed et al, JNB 2019), nous avons plus récemment développé, en collaboration avec les Unités Micalis et UMR Fromage d’Aurillac, des bactéries probiotiques capables de limiter la fonte musculaire dans deux situations physiopathologiques fréquentes chez l’âgé : l’inflammation de faible intensité et la mal- et dénutrition qui sont deux facteurs majeurs du syndrome de fragilité. Dans un modèle d’inflammation intestinale de bas bruit générant une perte de masse musculaire, nous avons montré que l’ingestion d’un streptococcus Thermophilus (connu comme anti-inflammatoire in vitro – sur cellules blanches) était capable de préserver la masse musculaire chez des rats âgés. Cette préservation de la masse musculaire était liée à un maintien de la synthèse protéique et une inhibition de la protéolyse (autophagie et voie ATP-Ub protéasome dépendantes) qui a été possible via un effet anti-inflammatoire du probiotique non seulement au niveau intestinal et mais aussi systémique. Dans un autre modèle rongeur, l’ingestion d’un lactobacille (Casei) a permis de maintenir la masse musculaire de rats âgés en sous nutrition (75% de l’ad libitum), au niveau de ceux qui n’étaient pas restreints en optimisant l’insulino-sensibilité systémique et plus particulièrement les voies de signalisation de l’insuline musculaires.
Il est donc possible de maintenir la masse musculaire sur des modèles de rongeurs âgés, par des stratégies probiotiques, et via des propriétés spécifiques de certaines souches bactériennes : par des propriétés antiinflammatoires (Streptococcus Thermophilus) ou par une action insulino-sensibilisatrice / régulatrice du métabolisme énergétique (Lactobacillus Casei) localisées au-delà de l’intestin. Ces effets de ces bactéries sur le métabolisme des rongeurs âgés ont été brevetés. De telles stratégies seront à étudier en complément des stratégies actuellement proposées, chez le sénior en situation de dénutrition et /ou d’inflammation de bas bruit.