Stocker du carbone dans les sols français, quel potentiel au regard de l’objectif 4 pour 1000 et à quel coût ?
Résumé
Nous souhaitons ici avoir une pensée pour nos deux collègues Bassem Dimassi et Jérôme Balesdent, qui étaient impliqués dans
cette étude et nous ont quittés prématurément.
Bassem Dimassi avait travaillé au tout début de l’étude, en 2017, pour mener un travail de simulation préliminaire. Il s’agissait
d’estimer des quantités de carbone à apporter au sol pour augmenter le stock de 4p1000 par an. Les résultats obtenus à l’échelle
de la France et avec un haut niveau de résolution ont ainsi constitué une référence précieuse pour la suite de l’étude.
Formé à l’Institut National d’Agronomie de Tunis en 2006, il avait construit sa trajectoire scientifique sur cette thématique du
stockage de carbone dans le sol, encadré par Claire Chenu et Benoit Gabrielle en master, puis par Bruno Mary en thèse, et par
Manuel Martin lors de son post doctorat au sein de l’unité InfoSol où il a travaillé jusqu’à la fin de l’année 2017.
Bassem possédait une personnalité amicale, sincère et attachante, dont témoignent tous ceux qui ont pu le côtoyer.
Jérôme Balesdent était un chercheur mondialement reconnu pour ses travaux sur la matière organique des sols, dont il a contribué
à élucider la dynamique en mobilisant l’abondance relative des différents isotopes du carbone. En plus de cette brillante carrière,
il s’était impliqué dans l’expertise scientifique, en participant en 2002 à l’expertise « Stocker du carbone dans les sols agricoles de
France » puis à la présente étude, dans laquelle, au-delà du chapitre dont il était un des coordinateurs, il était très engagé pour
stimuler la réflexion collective.
C’est d’ailleurs dans une publication cosignée avec Dominique Arrouays en 19993 que l’on trouve la première mention de l’idée du
4 pour 1000 : « Les matières organiques des sols de la planète contiennent 1 500 milliards de tonnes de carbone, et constituent le
plus gros réservoir superficiel échangeant du carbone avec l'atmosphère. Il s'agit d'une source ou d'un puits potentiel de CO2
énorme : à titre d'illustration, une augmentation annuelle de ce réservoir de seulement 0,4% par an stockerait autant de carbone
que la combustion de carbone fossile n'en émet. »
Jérôme avait mis beaucoup de son énergie dans ce travail d’appui aux politiques publiques, mobilisant ses connaissances, sa
rigueur scientifique et son sens très fin des relations humaines. Il y voyait une forme d’engagement du chercheur pour contribuer
à la résolution des enjeux planétaires.
Sa disparition à l’été 2020 a plongé tous ses collègues dans une grande tristesse. Sa modestie, son ouverture d’esprit et sa
bienveillance étaient reconnues et appréciées de toutes et tous.
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