Introduction et but de l’étude: Dans le prolongement des débats qui ont abouti à la promulgation de la Loi Lurel en 2013 ayant pour objectif d’aligner les teneurs en sucre ajouté de certaines familles de produits vendus dans les régions d'Outre-mer avec celles de produits similaires en France hexagonale, notre étude évalue les teneurs en sucre de l’offre alimentaire disponible de 3 secteurs de produits dans les Antilles et compare cette offre avec celle de l’hexagone. Matériel et méthodes: A partir des données d’étiquetage, en appliquant une démarche similaire à celle de l’Observatoire de l’Alimentation (OQALI) dans l’hexagone, les teneurs en sucres totaux mais aussi le types de marques et le prix des boissons sucrées (BRSA, n=2342), produits laitiers frais (PLF, n=978) et biscuits et gâteaux (BG, n=2055) ont été collectés en 2018-2019 en Martinique et en Guadeloupe, dans 24 grandes et moyennes surfaces (GMS) et 30 commerces de proximité , échantillonnés pour s’assurer d’une bonne représentativité. Pour les comparaisons avec la France Hexagonale, les données de l’OQALI ont été utilisées (respectivement pour les BRSA, PLF et BG, n=3156, n=1918 et n=2046). Résultats et Analyse statistique: Un test de Mann-Whitney a été utilisé pour comparer les teneurs en sucre des produits de l’hexagone et celles des produits des Antilles. Les relations entre prix et teneurs en sucre, types de marque et types de magasins ont été évaluées à l’aide de modèles de régressions linéaires. Pour les 3 secteurs étudiés, l’offre de produits disponible aux Antilles ne se démarque pas de façon importante de celle observée sur le marché hexagonal. Les teneurs moyennes en sucre sont comparables, tant pour le secteur des boissons sucrées (écart moyen de 0,4g/100mL soit 5% d’écart) que pour celui des biscuits et gâteaux (écart moyen de 1.6g/100g soit 3% d’écart). Le secteur des produits laitiers frais se démarque toutefois avec une teneur moyenne en sucres supérieure de 13% (écart moyen de 1.6g/100g) à celle de l’hexagone. De plus, les boissons aux fruits gazeuses et plates, les limonades, les crèmes dessert, les fromages frais et les yaourts sucrés, qui représentent des familles de produits avec de grands nombres de références disponibles (suggérant de hauts niveaux de consommation), ont des teneurs en sucres plus élevées aux Antilles qu’en France Hexagonale. Ces écarts sont susceptibles d’avoir des impacts sur les apports en sucre des consommateurs. De plus, la teneur en sucres des BRSA, des jus et nectars et des PLF est plutôt associée à un prix plus élevé, cet effet est faible en comparaison du poids des marques ou des circuits de distribution sur les prix. Conclusion: Si quelques différences apparaissent clairement et ne doivent pas être sous-estimées, les résultats conduisent à nuancer l’idée que la qualité de l’offre disponible aux Antilles serait le déterminant majeur des apports en sucres plus élevés que dans l’hexagone.